Le cycle de la créativité

Sainte Moumoute de la Créativité, prions pour Elle. Portrait de l’un de mes vils félins. Crayons de couleur et feutre à encre pigmentée. :)

Cela fait un bon moment que j’avais envie de poster cet extrait du Journal Créatif d’Anne-Marie Jobin. J’aime beaucoup le passage qui compare notre créativité aux cycles des saisons. Je me suis souvent interrogée sur mes « pannes » créatives. Étaient-elles normales ? Et puis lorsque nous avons emménagé à la campagne, j’ai lâché prise. De toute façon, je n’avais pas le temps de me concentrer là-dessus, entre les travaux de la maison et la beauté de nos montagnes. C’est à ce moment là que j’ai réellement vécu chaque saison qui passait. J’ai alors compris que ces cycles créatifs étaient naturels, et puisque j’en avais la possibilité, je pouvais reprendre mes pinceaux lorsque l’inspiration reviendrait. Cette liberté m’a fait du bien et j’ai été étonnée de voir naitre ponctuellement de nouvelles peintures, joyeuses, sereines et colorées. Je sais à présent qu’il m’est nécessaire de m’accorder du temps et du repos lorsque le moment se fait sentir. Je pense cependant qu’il est également sain de stimuler la graine de l’inspiration régulièrement, sans urgence, tout en douceur, car l’inaction prolongée nous empêtre dans des questions inadéquates : est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? N’est-ce pas une perte de temps que de peindre ? Je suis nulle, mes dessins sont mauvais, pourquoi m’obstiner ? Etc. (En vérité, la vraie question est : pourquoi me priverai-je de peindre si cela me rend heureuse et épanouie ?) Une fois embourbé là-dedans, il est plus difficile de remettre le train en marche. La clef réside sans doute dans le fait de savoir faire la différence entre le reflux nécessaire de notre créativité et la paralysie induite par le Censeur qui réside en nous.

Mais peut-être est-ce différent pour les autres artistes ?

Voici l’extrait :

Le Cycle de la Créativité

Il y a plusieurs théories au sujet du cycle de la créativité, mais la description que j’ai retenu est encore celle de Clarissa Pinkola Estès. Le cycle de la créativité est un cycle naturel où l’énergie monte et redescend continuellement. On retrouve ce même mouvement dans la nature. Les saisons, ainsi que toutes les plantes, en témoignent. Voici les différentes phases telles que décrites par Pinkola Estès*.

Prenons l’exemple d’une plante dont la graine dort sous la terre, en incubation. Le sol qui se réchauffe au printemps la pousse à remettre en branle son processus de croissance. C’est l’étincelle et la naissance. Puis la plante croit jusqu’à un point culminant, soit la fleur et le fruit, en général en été. En automne c’est le déclin, mais la plante met toute son énergie dans ses graines qu’elle répand avant de mourir. Les nouvelles graines sont en incubation jusqu’au printemps suivant.

Pour les humains, c’est un peu plus complexe. Il semble que l’on ait tendance à vouloir contrôler la nature et ainsi on se bat contre le cycle nature. Il y aurait deux difficultés liées au cycle de la créativité, toujours selon Pinkola Estés. La première est d’accepter le fait que l’énergie monte et redescende. On n’aime pas la phase de déclin. On voudrait toujours être dans l’excitation de ses projets, quand ils coulent et coulent, quand ça fonctionne bien. On refuse les nécessaires passages à vide. On se maintient exalté de force parfois, en négligeant ses autres besoins ou en s’intoxiquant de stimulants ou de drogues diverses. Certains artistes sont restés dans la phase d’exaltation durant des années pour ensuite en payer le prix. On a vu beaucoup de génies créateurs avec des vies très déséquilibrées. Ils et elles ont sacrifié certains aspects de leur vie, par exemple leur santé physique ou leurs relations personnelles, pour leur création. Certains diront que ces sacrifices en valaient le coup, mais à mon avis il est de beaucoup préférable pour la qualité de vie générale d’essayer de s’abandonner au cycle naturel de la créativité, de suivre ses mouvements et ses accalmies.

La seconde difficulté dont parle Pinkola Estés est d’arrêter de bloquer le flot naturel de la créativité. Il faut cesser de polluer la rivière avec nos croyances négatives et nos peurs, avec nos doutes ou un perfectionnisme malsain, avec les critiques impitoyables que nous nous infligeons ou que nous acceptons de recevoir des autres. Polluer la rivière, notre force vitale, a un prix énorme : anxiété, fatigue chronique, dépression, toxicomanies, etc. Ces façons de réagir sont souvent une protection que nous avons érigée contre nos souffrances intérieures et, en ce sens, elles servent à quelque chose, si ce n’est qu’à soulager temporairement l’inconfort. Mais du même coup, elles nous vident de notre énergie vitale. Vient donc un moment où il faut choisir entre le confort du connu et notre vitalité.

* The Creative Fire (2 cassettes, Louisville, CO, Souds True Publishing, 1993.

Le journal créatif d’Anne-Marie Jobin

J’ai parlé dans mon précédent billet du Journal Créatif d’Anne-Marie Jobin sans vraiment présenter ce livre (merci Kundry ;)). Je vais tenter de le faire en 5 points importants :

  1. Son auteur : Anne-Marie Jobin est une art-thérapeute québécoise. Elle anime des conférences et des ateliers d’art-thérapie et d’activités centrés sur la créativité. Elle explore les bienfaits du journal intime et du dessin depuis son adolescence. Puis, jeune adulte, en quête de « mieux-être », elle associe l’écriture au dessin. Plus tard, elle découvre le « creative journal » de Lucia Cappacchine et c’est une révélation pour elle. Elle entreprend une formation en art-thérapie. Elle se concentre alors sur l’art visuel, la force des symboles et le pouvoir thérapeutique des images, délaissant le journal créatif durant un temps. Puis au détour de la lecture d’un autre livre, Libérez votre créativité, de Julia Cameron, elle retourne à l’écriture. C’est à partir de là qu’elle développe les ateliers de journal créatif et écrit ce livre du même nom.
  2. Son domaine : Art-thérapie, développement personnel, créativité.
  3. Ses objectifs : débloquer et développer la créativité. Épanouissement, connaissance et accomplissement de soi.
  4. Son public : toute personne désireuse d’explorer son intériorité par le biais de médiums d’expression tels que l’écriture et le dessin.
  5. Ses méthodes : tenue d’un journal intime quotidien écrit et dessiné, techniques d’écritures, techniques de dessin, pensées positives, art positif, et surtout mélanges des techniques mot-image, travail avec la main non-dominante ; questionnement personnel et travail autour de la connaissance de soi, des émotions, du stress ; etc.

Le nouveau journal créatif est une nouvelle version, améliorée du journal créatif. Des techniques et des exercices y ont été ajoutés.

[Mandalas tirés de mon carnet/journal de recherches]

Un journal créatif

Mon arbre de vie. Peinture réalisée cet été dans le cadre du forum créatif Women's Art. Aquarelle et encres végétales maison. (Cliquez sur l'image pour l'agrandir.)

Au début de l’été dernier, j’ai retrouvé en faisant du tri dans mes placards « Le Journal Créatif  » d’Anne-Marie Jobin. Les avis très positifs que j’avais pu lire ici et là sur la toile m’avaient poussé à l’acheter quelques années plutôt. Et ce livre m’avait alors totalement horripilé. Je n’étais pas prête à faire le travail. Suite à cela, j’ai bien tenté de le troquer à plusieurs reprises mais tout ce qu’on me proposait en échange ne me convenait pas. Le livre ne semblait pas vouloir me quitter comme ça. Alors je l’ai oublié dans un coin, au fin fond d’un obscur placard. Lui savait, il avait tout son temps et attendait son heure.

Cet été, en le retrouvant par hasard, ce fut une révélation. Entre temps, j’avais mûri, acquis un peu d’humilité et de lucidité. J’avais également eu le temps d’expérimenter quelques techniques efficaces de guérison. Bref, j’étais prête à travailler sur mes blocages créatifs, et à vrai dire ceux qui se cachent derrière.

Je me suis acheté des carnets à dessin, des crayons de couleurs et des feutres bon marché. Puis je me suis lancée. Je devais apprendre à laisser émerger ce que je refusais de voir, sans m’attacher à une quelconque esthétique. Je ne devais pas peindre pour le regard des autres, ni franchement pour le mien. D’ailleurs, je n’ai rien montré, même pas à mon compagnon. Il s’agissait d’une histoire intime. Je l’ai explorée tout l’été, dans la forêt en gardant nos chèvres, dans la prairie sous la chaleur, à la maison bien au frais. Ce fut une expérience à la fois étrange et joyeuse.

Et surtout efficace. Je me suis remise à peindre. Cela tombait bien, c’était le but de départ.

L’automne arrivant, j’ai délaissé peu à peu mes carnets, puis ma peinture. A l’image de la nature, j’avais besoin de me reposer.

Lors d’un prochain billet, je pense parler des différentes techniques issues de ce livre.