Laine feutrée : un sac dédié au Sorbier protecteur

Un nouveau sac en laine feutrée presque exclusivement à l’aiguille. J’ai teint certaines fibres moi-même mais l’essentiel vient d’une nappe offerte par Ama. J’ai utilisé du mérinos, du corriedale et un soupçon de fibres angelina. Le bouton est en bois de sorbier que j’ai peint. Dans le sac, j’ai intégré un talisman discret dont je parle plus largement à la fin de cet article. Le sac mesure 20 x 26 cm, hors cordon. Comme je débute, il m’a demandé des jours de travail, mais c’était encore une fois du pur plaisir. Mon appareil photo n’a pas réussi à rendre les nuances orangées des baies, je ferai une autre session photo plus tard et mettrai la galerie à jour. C’était ma façon personnelle de me relier à cet arbre que j’aime beaucoup et puis aussi à mon filleul qui porte son nom.

Voilà, tout est dans le titre. Pour ceux qui aiment comme moi le folklore, la nature et les sorcières, j’ai traduit un texte sur cet arbre protecteur et les pouvoirs qu’on lui prête.

Croix de Sorbier ou Croix de Bride dédiée à la protection

The Library of Congress : Foklore. Choice notes from « Notes & queries » (extrait), traduction Libellune

En Angleterre, la croix de sorbier, ou croix de Bride, composée de deux morceaux de bois de sorbier liés par un fil rouge, est à l’origine un charme destiné à protéger du mauvais œil les animaux de la ferme .

Dans le Yorshire :

  • Une petite branche fourchue portée dans la poche est un charme qui protège de la sorcellerie.
  • Trois croix de sorbier (liées par un fil rouge) étaient utilisées pour éloigner les sorcières, soit suspendues au-dessus de la porte d’une maison ou d’une étable, soit portées sur soi, dans une poche.
  • Des baies sorbier enfilées comme des perles sur un fil, formant deux boucles, étaient accrochées aux clôtures métalliques pour éloigner tout mal et sorcellerie.

Dans les Highlands d’Écosse, on donne de la sève de frêne aux nouveaux-nés car, c’est d’abord un puissant astringent, ensuite parce que le frêne, associé au sorbier, est supposé posséder la propriété de résister aux attaques des sorcières, des fées et autres lutins malveillants. Sans de telles précautions, ils échangeraient l’enfant, ou le kidnapperaient purement et simplement.

Les gardiens de troupeaux de la province de Buchan, dans la région d’Aberdeenshire, préfèrent le bâton de berger en frêne à tout autre bois, parce que, lorsqu’ils lancent leur bâton / houlette pour réunir leur troupeau, ils sont sûrs de ne pas de ne pas frapper une partie vitale, et ainsi de tuer ou blesser l’animal. Ils disent que tout autre bois pourrait le faire.

« Sorbier, frêne et fil rouge,
empêchez les démons de fuir. »

 » Rowan, ash, and red thread,
Keep the devils frae their speed. »

Une pratique commune chez les femmes au foyer de cette même région consistait à nouer un bout de fil rouge, en laine peignée, autour de la queue des vaches, avant de les ramener au pâturage pour la première fois au printemps. Cela protège leur bétail, disent-elles, du mauvais œil, des fées et de leurs « elf-shot » (littéralement « coup d’elfe »). Aberdoniensis. — (Vol. iv. p. 380.)

Elf shot ou coup d’elfe. — Une idée répandue, selon laquelle quand une vache est soudainement frappée par la maladie, c’est qu’elle a été « elfshot », frappée par un elfe. Il s’agit d’une sorte d’esprits appelés « trows », d’une nature différente de celle des fées, qui tirent une flèche de pierre sur la vache et ainsi la blesse.

Bien qu’aucune blessure ne soit visible extérieurement, différentes personnes, hommes et femmes, prétendent la sentir dans la chair, et la guérir en répétant certaines paroles au-dessus de la vache. Ils placent également une aiguille à coudre dans un psautier, à une page particulière, et la piquent dans les poils de la vache ; ce qui est considéré non seulement comme un remède infaillible, mais aussi sert de charme contre de futures attaques.

On peut quasiment relier cela à une pratique qui fut à la fois très répandue et, dont on peut sans doute trouver certaines traces encore aujourd’hui. Pratique qui consisterait, selon une part plus civilisée du pays, à porter un petit bout de branche de sorbier, enveloppé dans du fil rouge et cousu dans les vêtements, pour se préserver des effets du « mauvais œil » ou de la sorcellerie :

« Sorbier et fil rouge,
Mettez les sorcières en fuite. »

« Rowan-tree and red thread
Put the witches to their speed. »

https://archive.org/details/folklore00np

Laine feutrée à l’aiguille : carnet « Greenman »

Détail du carnet « Greenman ». Mérinos, soie tussah et angelina.

J’avais complètement oublié de poster les photos de mon avant avant-dernier objet feutré. Je poursuis mes expérimentations. Ici, l’air de rien, il y a un long travail de mélange des fibres. J’ai essentiellement feutré à l’aiguille, je rajoutais les couleurs au fur et à mesure, en prenant mon temps. J’ai beaucoup aimé cette nouvelle immersion dans le vert. A tel point que j’ai rêvé de Greenmen pendant la réalisation de ce carnet. Je vais le noter ici, ça me permettra d’en garder une trace :

 » Deux esprits de la nature rencontrés en rêve. Une jeune femme et moi-même prenions place par terre, autour d’une table improvisée (un arbre tombé). Elle me demandait si avec les années on s’habituait à l’inconfort d’un siège de fougères. Je lui répondais que oui car, depuis longtemps déjà, je trouvais le sol de la forêt parfaitement confortable. C’est alors qu’un jeune homme vînt à notre table. Il était entièrement vert. Je me demandais s’il s’agissait d’un Greenman mais il ressemblait davantage à un lutin à taille humaine. Il se mit à chanter une douce mélopée dans sa propre langue. Son chant était envoûtant, magique. Il avait une voix superbe. Puis il se leva et partit. Un second « Greenman » prit sa place, il était plus âgé et lui aussi entonna un chant merveilleux. Je me suis réveillée totalement enchantée. »
Rêve dans la nuit du 4 au 5 février 2014.

Premières teintures : à pas feutrés

Le câble USB de mon appareil photo ayant rendu l’âme, j’ai pris les photos avec mon téléphone portable. Bref, elles sont pourries, les couleurs piquent un peu les yeux mais j’avais envie de partager mes premiers essais de teinture, malgré tout, sur ce blog.

C’est Ama qui m’a gentiment poussé dans la marmite aux couleurs, en m’offrant moult fibres douces, soyeuses ou à bouclettes et des teintures pour faire joujou.

Je me suis lancée et j’ai adoré.

Premières teintures, à pas feutrer. Ou, à ne pas feutrer (tout de suite), ça marche aussi :o).

Pendant le processus de coloration, j’avais peur de feutrer la laine en la manipulant. Ce qui a été un peu le cas « en surface », mais rien de bien méchant.

Je trouvais les rubans colorés du commerce déjà très beaux. J’hésitais donc à sauter le pas, et puis là, je me suis rendue compte combien c’était génialissime de travailler avec ses propres couleurs.

J’ai commencé à feutrer un dégradé de vert et de bleu… C’est magique. Le terme de « laine féérique » pour désigner la laine à feutrer prenait alors un nouveau sens pour moi. Hélas, mes photos étant super moisies, l’effet n’est pas rendu ici. A vrai dire, je ne suis pas sûre de réussir, même avec mon appareil habituel. Une question de matière et de lumière… Et de magie, vous dis-je !

Mojo bag dédié à l’esprit du Sureau

« Mojo bag » en laine feutrée. Mérinos, soie, péridots, cristal de roche, perle de sureau et lacet de cuir.

Un « mojo bag » dédié à l’esprit du Sureau. Le sureau est un arbre que j’affectionne tout particulièrement. J’en ai plusieurs dans le jardin. Son esprit m’accompagne depuis un certain nombre d’années et plus fortement encore depuis ces derniers mois. C’est un peu ma muse à moi. Je lui dois des guérisons, j’avais envie de le remercier à ma façon, en créant un objet : ce petit sac magique. Sa réalisation a été, en quelques sortes, un rituel d’action de grâce et d’offrandes. J’ai fabriqué une perle avec le bois de notre plus grand sureau et j’y ai inclus un cristal de roche. J’ai brodé des perles de péridot et un symbole à l’intérieur du rabat. J’ai passé un moment magique et merveilleux. J’espère que mon petit mojo bag vous plaira. Moi je l’adore, à vrai dire, davantage pour des questions personnelles qu’esthétiques, même si je le trouve joli.