Créer toujours la même chose, c’est grave docteur ?

Voici un nouvel extrait traduit du livre « Life, paint & passion ». Une fois encore, Cassou et Cubley ont un regard très juste sur la répétition dans la peinture / création.

repetition

« J’ai peint ces petites têtes flottantes en arrière-plan pour la troisième fois maintenant. Je trouve étrange de répéter la même image, encore et encore. Je ne sais pas pourquoi je le fais. Peut-être suis-je compulsive, » dit Dorothy, d’un air désappointé. Elle a passé ces derniers jours à prendre plaisir à réaliser ses images mystérieuses. A présent, elle les juge.

« Est-ce que tu es en train de me dire qu’il y a quelque chose qui cloche avec le fait de peindre une image plus d’une fois ? » Lui ai-je demandé.

« Oui, » répondit-elle. « Il semble que je ne puisse penser à autre chose. Je fais juste dans la décoration et je suis dans la complaisance, j’en ai bien peur. Mon imagination doit être vraiment limitée. Je souhaite pouvoir peindre quelque chose de nouveau ! »

« Ne pas répéter, ne pas copier ! » Nous avons tous entendu ces affirmations, encore et encore. Nous présumons que répéter un sujet est la preuve de notre insipidité et de notre manque d’inventivité. Alors qu’au contraire, ceci témoigne de notre sensibilité.

Lorsque vous peignez une image ou une couleur avec une grande émotion, il n’est pas seulement naturel mais peut-être essentiel de la répéter. Plus puissante est l’image, plus profondes sont ses racines, et plus grandes seront les probabilités de devoir la peindre à nouveau ! Quand vous la repeignez, vous explorez les différents aspects de l’émotion, avec toutes leurs subtilités, sous tous les angles possibles. L’image reviendra aussi longtemps qu’il lui est nécessaire pour remplir son rôle.

La création fonctionne par cycles : chaque envie puissante est une vague qui s’élève doucement et qui a besoin d’atteindre son pic avant de se retirer. L’expression de cet aspect particulier de vous devra s’accomplir, peu importe combien de peintures répétées cela prendra, peu importe ce que vous en pensez. Seulement alors cela vous passera.

Nous ne sommes habituellement pas conscients des niveaux les plus profonds de l’apprentissage et de la guérison par lesquels nous passons. De ces heures, journées, voire semaines, de travail surgit spontanément la connaissance intime / vision intérieure. Les répétitions ne viennent pas d’une faiblesse de l’imagination ou d’une compulsion ; elles viennent d’une attitude d’ouverture et de liberté, et une volonté de s’abandonner à la sagesse naturelle du processus créatif. Vos images ne demandent qu’à accomplir leur durée de vie. Ne raccourcissez pas leur vie, elles ont quelque chose à vous offrir.

Publié par

Libellune

La nature et l'art nourrissent mon corps, mon cœur et mon âme.

3 réflexions au sujet de « Créer toujours la même chose, c’est grave docteur ? »

  1. Elle peut revenir aussi avec différents médias sur différents supports :-) L’aquarelle que tu es en train de peindre est sublime <3

  2. Moi qui suis en totale panne créative depuis bientôt 2 ans, je me suis posé cette question des tas de fois. Quand je me dis : allez hop tu prends un crayon et un papier, qu’est ce qui sort? un arbre. Encore et toujours un arbre. A croire que je ne sais plus faire que ça. Et je ne suis pas sûre que changer de médium, par exemple, m’aiderait. Parce que le sentiment que j’ai, c’est que je n’ai plus rien à dire, à raconter..Ce sont des arbres mais ils ne disent rien. Ils sont même pas beaux….Il faut que je continue de dessiner des arbres jusqu’à ce qu’il se passe quelque chose?

  3. Peut-être que chaque artiste doit trouver sa manière de gérer le creux de la vague ? Je ne peux rien affirmer. Par contre, je peux partager mon expérience là-dessus. Avant, quand j’étais en panne sèche, je passais à autre chose, à d’autres activités, non par choix mais par défaut. Quand j’ai entendu parlé des cycles de la créativité, ça m’a un peu rassurée et j’ai déculpabilisé ces moments de pause à l’image de la nature. Néanmoins je ressentais un manque, j’avais besoin de créer et je me disais que ce n’était peut-être pas une solution. Déculpabiliser m’a quand même fait du bien, c’était comme un premier pas, mais j’avançais à tâtons. Et je vivais ces moments de haut et de bas quand même dans l’insatisfaction. Quand mon amie Kundry m’a fait découvrir le feutrage à l’aiguille, ça m’a tellement parlé que j’ai travaillé intensivement la laine, du matin au soir. Je crois que les matières et surtout les couleurs (la laine prend et restitue magnifiquement les couleurs) m’ont profondément stimulée. Puis après quelques mois, c’est retombé comme un soufflé, j’étais en train de déprimer à cause de diverses choses qui s’étaient produites et ça a fini par couper mon élan créatif. Là j’ai compris que ce que je recherchais ne se trouvait pas dans le matériel (techniques, nouveaux médiums, formations, livres, etc.) mais en moi et que je devais arrêter de me raconter des histoires, m’installer devant mon bureau et peindre, sculpter, bricoler, écrire. Peu importe si c’était moche, peu importe si rien de bon sortait, peu importe si c’était toujours la même que je représentais ! En parallèle, j’ai bossé sur ma gorge, sur mes blocages à communiquer. J’ai écrit régulièrement et dessiné dans mon journal créatif. J’ai médité (je veux dire vraiment, pas de pathworking ou autres trucs guidés), j’ai travaillé ma concentration. J’ai arrêté de vouloir tout contrôler, de trop me poser de question et je me suis sentie libérée. Je passerai sûrement encore par des moments de vide créatif et des moments de plein parce que c’est la vie mais en me fixant des buts, en m’imposant chaque jour un temps pour créer, même quand je résiste, ben c’est plus simple. J’ai aussi trouvé ma façon de méditer et quand je reste trop longtemps sans le faire, j’ai l’impression de ne plus être centrée ou du moins de ne plus parvenir à revenir au centre facilement et quand je ne suis pas centrée, je me sens bloquée pour créer !

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