Aux curieux de tous bords. Depuis une douzaine d’années, je vis dans une très vieille maison perdue dans les montagnes et les forêts d’Auvergne. Vivre entourée de nature est mon rêve de toujours. En harmonie avec la roue des saisons, je respecte mes cycles créatifs : mes printemps comme mes automnes, mes étés comme mes hivers. Dans ce cocon de verdure et de magie, loin de toute pression, je prends le temps d’explorer ce qui me passionne : la peinture et le dessin, notamment à travers la réalisation de carnets et journaux ; ainsi que le travail de la laine sous toutes ses formes : teinture, filage, feutre, tissage, tricot… L’aquarelle et les encres sont mes médiums de prédilection, bien que j’apprécie le mélange des techniques. Je puise mon inspiration dans la nature, et la forêt où j’habite plus particulièrement, les contes, les mythes et le folklore. Si vous avez déjà un peu parcouru ce blog, vous aurez constaté que j’éprouve un grand intérêt pour les arts, les merveilles de l’esprit et les mystères de l’âme… Et la création est, en quelque sorte, mon laboratoire d’expériences. Enfin, la spiritualité tournée vers la nature est au cœur de ma vie et transparaît, je pense, dans mes créations et mes photos.
Et si vous voulez en savoir un peu plus, Ama m’a posé une série de questions il y a quelques années dans le contexte d’un projet qui n’a finalement pas abouti. Voici mes réponses :
1. Comment a commencé ton histoire avec le filage ?
Filer la laine était un vieux rêve et notre installation à la campagne il y a dix ans n’a fait qu’accentuer mon désir d’explorer cet ancien artisanat. J’ai besoin de travailler régulièrement de mes mains, d’explorer de nouvelles techniques artistiques et artisanales, de découvrir de nouvelles manières de m’exprimer. Comme je peins surtout à l’aquarelle, j’avais aussi envie de matière et d’autres façons d’aborder la couleur. Et puis filer est aussi un acte magique.
2.Quels outils utilises-tu pour le filage ? Peux-tu nous en présenter un en particulier en nous racontant ce que tu aimes quand tu l’utilises ?
Les vieux fuseaux attisent mon imagination et peuplent mes rêves, mais dans les faits, nous n’avons que peu d’affinités. Mon outil de prédilection, c’est le rouet. J’utilise le Minstrel de Kromski. C’est avec le tien que j’ai appris à filer et ça a été un vrai coup de cœur. Un mois plus tard, pour le solstice d’hiver, mon compagnon m’offrait mon propre Minstrel. C’était un chouette symbole : m’offrir une roue pour le retour du soleil.
Cependant, le coup de foudre ne nous préserve pas des orages. Comme dans un couple, il faut savoir s’apprivoiser, s’adapter, apprendre à se connaître et s’aimer. J’ai eu quelques déboires avec mon Minstrel, car je vis dans une vieille maison que nous n’avons pas fini d’isoler. Et le bois est une matière vivante, même correctement traitée. Mon rouet a énormément grincé, je l’ai démonté, remonté, j’ai huilé toutes les parties métalliques encore et encore… Rien n’y faisait, jusqu’à ce que je trouve sa place définitive. Et dès ce moment, tout désir de divorce s’est envolé.
J’ai essayé d’autres rouets dont certains me faisaient très envie sur le papier, mais à l’essai ce même coup de foudre n’a pas eu lieu. De toute façon, en dehors de ma mésaventure, le Minstrel est un bon rouet. Polyvalent qui plus est. En outre, je ne suis pas une technicienne du fil. Même si je ne peux pas me contenter de mes acquis et que je trouve sain et naturel de toujours chercher à m’améliorer, d’explorer d’autres façons de filer, d’observer comment les autres procèdent, le fil parfait n’est pas ce que je recherche principalement dans cet artisanat.
Ce qui m’importe vraiment ne réside pas dans le résultat matériel, mais dans la pratique du filage en elle-même. Le moment où je file. Le plus souvent, j’aime filer seule, en silence et en me concentrant sur le geste, pour être totalement dans ce que je fais. Puis je laisse voguer mes pensées, tout en prenant soin de les trier. Quand je sens que je commence à ressasser des problèmes, je me recentre sur le geste du filage, les couleurs qui défilent, la sensation de calme. Ainsi, avec le mouvement répétitif et hypnotique de la roue, je voyage en esprit et les couleurs me transportent. Je parlais du filage comme d’un acte magique plus haut, ce choix de pensées que je décris est aussi un bon moyen d’instiller des vœux particuliers dans le fil. Une sorte de bénédiction, de prière. Je le fais tout particulièrement quand je crée des fils pour tisser des couvertures de bébé. Pour souhaiter à ces nouveaux êtres, une vie heureuse, équilibrée et riche… Un peu à l’instar d’une marraine-fée.
3. Quelles sont les fibres que tu préfères ?
Les fibres animales et la laine en particulier. Je n’aime pas filer les fibres végétales. Mais par-dessus tout, ce sont les mélanges que je préfère, avec une grosse quantité de laine pour base. J’aime les fibres douces et gonflantes comme le polwarth ou le BFL. Si l’on y ajoute de la soie maulbère, un peu de fibres de camélidés, je suis pleinement heureuse. Et de temps à autre, un peu de ces choses merveilleuses qui ressemblent à des cheveux scintillants de fée.
4. Y a-t-il une palette de couleurs qui te parle plus qu’une autre ?
Le violet assurément et toutes ses déclinaisons. C’est une couleur que j’associe au spirituel. Bien que j’adore également travailler le vert, du moins certains verts. Peut-être parce que je vis en forêt. C’est aussi une couleur en connexion avec ma spiritualité.
5. Toi qui pratiques de nombreux arts, as-tu un lien entre l’aquarelle, la broderie, le feutre et tes filages ?
La couleur naturellement ! Je suis quelqu’un qui aime travailler les couleurs franches, je mélange assez peu mes couleurs quand je peins, car je n’aime pas perdre leur lumière. Quand on mélange trop de couleurs à la fois, on peut vite obtenir des teintes assez « sales » et ternes. La laine, le mohair et la soie prennent merveilleusement la couleur et ont la capacité de restituer cette lumière que j’aime tant.
6. Quelle place a la nature dans ces pratiques ?
La nature a une place très importante dans ma vie. Même si je pense qu’on peut être heureux partout, le contact quotidien avec la forêt m’apporte beaucoup. Elle me nourrit intérieurement. Quand nous nous sommes installés en Auvergne, j’ai eu un petit pincement au cœur en me disant que nous serions loin de la mer, mais en définitive, je crois vraiment que mon élément est la terre, la forêt. Je m’y sens chez moi. Et puis, les sources et les ruisseaux sont nombreux ici.
Pour répondre directement à la question, sa place est évidemment celle de l’inspiration. La nature est une source intarissable d’inspiration. J’aimerais avoir plusieurs vies pour en profiter et l’explorer pleinement. Pratiquer différents arts, c’est une manière de me connecter à la vie et de lui rendre hommage.
En outre, maintenant que j’ai exploré les techniques modernes de teinture, j’aimerais me tourner vers la teinture végétale. Tout prétexte est bon pour passer du temps dans les bois et au jardin. Pour l’instant, j’en suis à un stade où je me documente. J’ai tout de même commencé à récolter des lichens qui poussent ici en abondance. Et puis la belle saison arrive, je vais pouvoir dégainer mon chaudron magique et entamer des expérimentations.
7. Qu’est-ce que le filage t’apporte au quotidien ?
La sérénité, le bien-être. Concrètement, c’est ma méthode méditative favorite. Mais j’en ai déjà parlé précédemment.
Et sans oublier de chouettes fils sur mesure (o:
En fait, j’ai une autre façon particulière de me servir du rouet qui compte beaucoup pour moi. Je lis énormément. Des romans, des livres informatifs. Au format papier et audio. J’aime particulièrement écouter des livres audio informatifs quand je file, du fait de l’état de conscience que provoque le filage. C’est un excellent moyen pour bien assimiler des informations, pour s’en imprégner. Dans un état de légère transe, l’inconscient absorbe tout, bien mieux. C’est pour ça que je prends garde de ne pas écouter n’importe quoi, n’importe comment.
8. Après Merlin, tu vas nous présenter ta vision de Viviane. Qui est cette magicienne pour toi ?
Après l’explication à propos de ma façon de filer, le choix du personnage de Viviane pour ce projet apparaîtra sûrement comme une évidence. C’est la marraine-fée par excellence. C’est en effet ce qu’est Viviane pour Lancelot. Elle incarne également un autre rôle, celui de la fée-amante avec Merlin.
Chaque année, j’aime étudier une civilisation, ou une période de l’Histoire, ou encore une figure mythique. Cette année, j’ai tardé à choisir un thème et finalement, c’est la figure de la fée dans la littérature médiévale que j’ai retenue. Je suppose que là encore ce n’est pas par hasard si mon choix s’est porté sur Viviane. Cet être surnaturel venu du royaume de l’autre-monde est une figure mystérieuse qui suscite en moi une grande curiosité !
Je viens de te découvrir. Et je te dit bravo, c’est vraiment très beau.
Ta philosophie de vie, ressemble par certain point à la mienne.
Je vais continué à suivre ton aventure, belle en images, créations et réflexions.
Je ne veux pas te prendre plus de temps et je te remercie du beau moment que je viens de passé en parcourant ton site.
Bonne et belle continuation.
Au plaisir.
Merci beaucoup Valérie, contente de découvrir ton univers également. Je vais explorer ton blog plus avant. A bientôt !
Bonjour.
J’ai participé à un parcours d’artistes les deux derniers week-ends à Namur, en Belgique. Je suis Artisan de la terre, des mots et des images. Une femme m’a parlé de toi. Et je viens de découvrir ton univers. Il me parle énormément. Ton site est magnifique. Si tu as du temps, je t’invite à parcourir mon Instagram (Mademoiselle Carchal) et ma page Facebook : Atelier de La Loba.
À bientôt.
Merci beaucoup, je t’ai ajoutée sur insta :)
Quel plaisir de découvrir ton site magnifique.
Heureuse que ce blog te plaise Christine ! :)