Au début de l’été dernier, j’ai retrouvé en faisant du tri dans mes placards « Le Journal Créatif » d’Anne-Marie Jobin. Les avis très positifs que j’avais pu lire ici et là sur la toile m’avaient poussé à l’acheter quelques années plutôt. Et ce livre m’avait alors totalement horripilé. Je n’étais pas prête à faire le travail. Suite à cela, j’ai bien tenté de le troquer à plusieurs reprises mais tout ce qu’on me proposait en échange ne me convenait pas. Le livre ne semblait pas vouloir me quitter comme ça. Alors je l’ai oublié dans un coin, au fin fond d’un obscur placard. Lui savait, il avait tout son temps et attendait son heure.
Cet été, en le retrouvant par hasard, ce fut une révélation. Entre temps, j’avais mûri, acquis un peu d’humilité et de lucidité. J’avais également eu le temps d’expérimenter quelques techniques efficaces de guérison. Bref, j’étais prête à travailler sur mes blocages créatifs, et à vrai dire ceux qui se cachent derrière.
Je me suis acheté des carnets à dessin, des crayons de couleurs et des feutres bon marché. Puis je me suis lancée. Je devais apprendre à laisser émerger ce que je refusais de voir, sans m’attacher à une quelconque esthétique. Je ne devais pas peindre pour le regard des autres, ni franchement pour le mien. D’ailleurs, je n’ai rien montré, même pas à mon compagnon. Il s’agissait d’une histoire intime. Je l’ai explorée tout l’été, dans la forêt en gardant nos chèvres, dans la prairie sous la chaleur, à la maison bien au frais. Ce fut une expérience à la fois étrange et joyeuse.
Et surtout efficace. Je me suis remise à peindre. Cela tombait bien, c’était le but de départ.
L’automne arrivant, j’ai délaissé peu à peu mes carnets, puis ma peinture. A l’image de la nature, j’avais besoin de me reposer.
Lors d’un prochain billet, je pense parler des différentes techniques issues de ce livre.
Il m’intrigue ton bouquin! Peut-être qu’il doit venir un moment où on n’a plus grand chose à perdre pour enfin se tourner vers l’inconnu. Contente que tu aies decouvert de nouveaux chemins :-).
« Je devais apprendre à laisser émerger ce que je refusais de voir, sans m’attacher à une quelconque esthétique. Je ne devais pas peindre pour le regard des autres, ni franchement pour le mien. »
Ces mots me touchent particulièrement. C’est exactement ce qui me bloque ! Quand je dessine il faut que ça soit beau pour me plaire mais surtout pour plaire aux autres sinon ça ne vaut pas la peine. Retourner à une forme d’expression spontanée, non contrôlée… ça me fiche la trouille.
Je serai très heureuse d’en lire plus sur les techniques que tu as développé :).
Je le trouvais agaçant, les dessins y sont laids, même la couverte n’est pas engageante et il me proposait de faire de même. J’avais sûrement besoin d’apprendre à dépasser les apparences pour avoir accès à ses enseignements :o)
C’est difficile comme exercice ! Surtout quand on travaille dans le monde de l’image. Créer du « beau » devient un besoin vital, une seconde nature. On en oublie que la beauté est toute relative, conditionné par notre école de dessin, notre entourage, nos clients, la société… et finalement par nous-même :) On oublie aussi qu’à l’image du corps, l’esprit a besoin quotidiennement de se nourrir et d’évacuer ce dont il n’a plus besoin pour être en pleine forme ! Contente que ça te parle Sabine ;)
Je comprends ta repulsion, c’est pas tres engageant en effet. C’est probablement délibéré de la part de l’auteur, tu crois? Remarque que l’emphase au depart n’est pas sur l’esthetisme d’apres ce que tu en dis mais plutôt une sorte de brainstorming, ce qui ne correspond pas bien sûr au projet fini et léché. D’où la couverture et les dessins brut de brut?
Je me rends compte que j’aurais du présenter un peu ce bouquin, faudrait que je le fasse sur le blog :) Oui, c’est délibéré (bien que la couverture de la nouvelle édition « Le nouveau journal créatif » soit bien plus attrayante). Je dirais qu’il s’adresse à toute personne qui désire explorer son intériorité par le biais de l’écriture et du dessin, qu’elle soit du métier ou non. Ses objectifs premiers sont : débloquer et développer sa créativité. Et donc : s’épanouir et s’accomplir. C’est dans la lignée du livre de Julia Cameron en fait. C’est d’ailleurs ce qui l’a encouragé à écrire et dessiner, puis à créer des ateliers autour du journal créatif et enfin à écrire ce livre. Le journal créatif est donc un outil quotidien, intime, qui relance la créativité. Ce qui a peu à voir avec un carnet de peintre ou tout autre artiste pour te situer. Tu vois un peu mieux ce que c’est du coup ?
Ah merci pour les explications! J’aime beaucoup l’idée d’un journal intime en images. C’est tres séduisant…
:)